Claude Charron
Le développement de l’énergie éolienne fait encore et toujours jaser. (Archives Le Soleil)
LA PAROLE AUX LECTEURS / Au-delà des gens qui se tiennent debout pour défendre le territoire ainsi que leurs valeurs (cadre de vie, qualité de vie, santé, liens sociaux, patrimoine familial, etc.), il y a des partis politiques (PL, PQ, CAQ) qui successivement ont fait de la filière éolienne québécoise, depuis 25 ans, un gouffre financier maintes et maintes fois dénoncés de façon unanime par les analystes en énergie, les économistes, divers instituts de recherche et les spécialistes de l’état dont Hydro-Québec, la commission d’enquête du BAPE, la vérificatrice générale, pour n’en nommer que quelques-uns.
Des pertes qui aujourd’hui, en 2024, se chiffrent à une dizaine de milliards et qui atteindront les 25 milliards dans une quinzaine d’années, s’avérant l’un des pires scandales financiers de l’histoire du Québec. M. Legault persiste et signe en affirmant que: «Je parie que l’énergie éolienne sera payante un jour.» En attendant, le dernier appel d’offres de 1550 MW sanctionné par la CAQ coûtera à Hydro-Québec 11 sous/kWh, générant de nouvelles pertes estimées à $150-200 millions/année.
De tous les partis politiques impliqués dans le dossier éolien, le pire bilan est sans aucun doute celui de la CAQ, pour les raisons suivantes:
- la CAQ, avant d’être élue une première fois, a juré de ne pas être le parti des lobbies et des intérêts privés et dénonce les surcoûts de la filière éolienne;
- la CAQ, six mois après son arrivée au pouvoir, fait un virage à 180 degrés et autorise les projets éoliens privés qu’elle dénonçait (Apuiat, Des Cultures, Des Dunes, Belle-Rivière, et autres de gré à gré);
- la CAQ réduit considérablement la durée d’appels d’offres pour l’approvisionnement en énergie éolienne, de surcroit en période estivale, de façon à accélérer les mises en chantier et empêcher l’organisation de groupes citoyens dénonçant une énergie coûteuse, non fiable, non stockable, socialement inacceptable, créant peu d’emplois fortement subventionnés et ne générant pas ou peu d’activités économiques;
- la CAQ accélère de façon exponentielle l’implantation anarchique de projets éoliens industriels sur le territoire sans égards aux gens qui y habitent et qui y cultivent la terre;
- la CAQ abaisse la distance séparatrice de protection des noyaux villageois de 2 km à 1,2 km malgré des éoliennes prévues de 2 à 3 fois plus puissantes, plus hautes et plus bruyantes et expose les riverains à des distances de protection dérisoires;
- la CAQ élimine pratiquement les critères à la nécessaire acceptabilité sociale et élimine l’obligation d’un pourcentage de contenu local et québécois dans les appels d’offres d’approvisionnement éolien afin d’accélérer la mise en chantier des projets;
- la CAQ crée une pénurie artificielle d’énergie électrique en bradant nos réserves à des tarifs dérisoires, attirant la venue d’industries énergivores;
- la CAQ se montre favorable à la privatisation et à la distribution privée d’énergie au détriment de l’intérêt public;
- la CAQ, de concert avec Hydro-Québec, crée l’illusion d’une nationalisation de la filière éolienne alors qu’en fait elle consolide l’approvisionnement privé de l’énergie éolienne;
- la CAQ refuse de tenir une enquête publique sur l’opportunité de la filière éolienne en particulier et sur l’énergie en général de façon à dresser un portrait global et surtout une direction éclairée de cet enjeu sociétal majeur;
- – la CAQ justifie ses décisions au nom de la transition énergétique et de l’accroissement du PIB, semant surtout la confusion et l’illusion de la richesse;
- – la CAQ ment à la population en affirmant que l’éolien coûte moins cher que les nouveaux barrages: dernier appel d’offres éolien à 11 sous/kWh et barrage La Romaine à 6.5 sous/kWh (meilleur facteur d’utilisation, meilleure fiabilité, amortissement sur 125 ans, etc.);
- – la CAQ refuse de voir l’échec de l’acceptabilité sociale de l’éolien dans les zones habitées et cultivées alors qu’Hydro-Québec annonce un mégaprojet de 3000 MW en territoire non organisé pour «rechercher l’acceptabilité sociale» qui fait défaut ailleurs.
Comment expliquer cette situation? La puissance des lobbies ou la faiblesse du gouvernement caquiste?
Personne n’est naïf, dans une économie de libre marché, sans subventions et crédits de taxe de toutes sortes, la filière éolienne ferait faillite. À l’instar du Danemark, de l’Angleterre et de l’Allemagne, cessons cette perfusion financière qui prive les Québécois de revenus dont ils ont bien besoin. Écoles, hôpitaux, routes, etc., ne cessent de prendre du retard dans leur amélioration et leur réalisation.
Cela fait 25 ans que les besoins de l’industrie éolienne sont comblés. Il est maintenant temps de répondre aux besoins des populations rurales en finançant adéquatement l’agriculture et les municipalités au lieu d’imposer des projets diviseurs et coûteux qui drainent chaque année des centaines de millions de fonds publics directement dans les poches de firmes privées.
— Claude Charron, Comité des riverains des éoliennes de L’Érable (CRÉÉ)
Cette lettre est paru ici : https://www.lenouvelliste.ca/opinions/parole-aux-lecteurs/2024/10/09/la-caq-et-la-filiere-eolienne-quebecoise-WL7LRRN6H5A5VM6IGTUXTTOA4Q/



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